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JORDAN CADIOT

© Jordan Cadiot, 2016

Introduction

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En mars 2014 un ami (que je remercie beaucoup !) m'a donné un tout jeune amblypyge, je ne connaissais pas du tout ces animaux à ce moment là, je n'en avais jamais vu, jamais entendu parler, mais je les aimais déjà ! Depuis ce jour j'en ai toujours eu, ce spécimen -prénommé Ana- qui a bien grandit et a donné naissance à plusieurs reprises, ainsi que d'autres de la même espèce, et plus récemment des nouvelles. 

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J'ai maintenu plusieurs espèces d'invertébrés reptiles et amphibiens, j'ai eu de la reproduction avec la plupart d'entre elles, mais je dois dire que la réussite dont je suis le plus fier est bien celle avec les amblypyges, non seulement parce que c'est un animal que j'aime beaucoup, qui n'est pas très courant en captivité (bien qu'on en voit de plus en plus maintenant !), mais aussi parce qu'au fur et à mesure des années j'ai pu capturer pas mal de comportements, que ce soit des mues (avant pendant et après le processus); des individus se nourrissant; et bien évidemment des images concernant la reproduction (vous pourrez retrouver toutes ces photos sur cette même page, qui sera mise à jour au fur et à mesure de mes prises de vue). 

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Maintenant, mon but serait de réussir à reproduire d'autres espèces et pouvoir obtenir autant d'images intéressantes (je pense qu'elles le sont !) que j'ai eu avec Damon diadema. Une autre chose qui me tient tout autant -si ce n'est plus- à cœur, serait d'aller observer ces animaux dans leurs milieux naturels, bien évidemment. Voir les animaux ainsi peut vraiment donner des clés pour la maintenance en captivité, pour pouvoir voir et comprendre soi-même comment ils vivent et dans quelles conditions. 

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Je tiens à dire que je ne me prétends pas spécialiste, biologiste, scientifique ou autre, je suis un simple passionné qui s'intéresse énormément à ces animaux (et à bien d'autre). Toutes les informations que vous lirez sont tirées de mes observations personnelles, de livres, et réponses de la part de connaisseurs, je pense notamment à Florian Reveillion que j'ai questionné de nombreuses fois à propos de ces bêtes ! (le lien de son site : http://www.shny.fr/amblypygi/fr/index.html)

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En 2016 on m'a demandé si j'étais intéressé par écrire un article illustré de mes photos dans le magazine terrariophile "Situla", chose que j'ai bien évidemment faite ! Quel bonheur (et aussi quelle fierté) d'avoir en main un tel magazine avec son propre article illustré de ses propres photos, sur un animal qui me tient tant à cœur !

Pour la version papier vous pouvez retrouver cet article dans le Situla N°29, bien au chaud entre des articles sur la Zamenis longissimus (couleuvre d'esculape), le Varanus exanthematicus (varan des savanes), les serpents à sonnette des déserts de l'ouest américain (par Monsieur Daniel Heuclin) ainsi qu'un article sur le genre Echinotriton. Pour la version web, vous n'aurez pas besoin de chercher longtemps puisque qu'elle est sur cette page !

Ce n'est pas tout à fait la même, depuis la rédaction de l'article j'ai pu prendre de meilleures images que j'ai donc placé ici pour illustrer les propos, et qui ne sont pas dans le magazine. J'ai aussi rajouté des lignes pour développer certains points par exemple, ou pour décrire de nouvelles observations. 

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Vous pouvez retrouver toutes mes images concernant les amblypyges à la suite de l'article. 

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Les amblypyges sont des arachnides étranges et atypiques, effrayants pour certains mais fascinants pour d'autres.

 

Ils sont peu voire inconnus du « grand public », en terrariophilie ils sont de plus en plus répandus notamment une espèce : Damon diadema. Cette espèce est simple à maintenir, l'élevage en groupe possible et la reproduction simple également.

 

Malgré le fait qu'ils soient nocturnes ce sont des animaux intéressants à observer, que ce soit lors de leurs déplacements, de leur manière de capturer les proies, le processus de mue, et bien sûr la reproduction qui se déroule de la même manière que celle des scorpions.

 

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Systématique et particularités

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Les amblypyges (Thorell, 1883), aussi appelés « phrynes », « araignées fouet » ou « whipspiders » en anglais, sont un ordre d'arthropodes appartenant à la classe des arachnides. Ce ne sont ni des araignées ni des scorpions, ils forment un ordre à part qu'on appel donc généralement « amblypyges ».

 

Cet ordre est divisé en deux sous-ordre : les Paleoamblypygi et les Euamblypygi.

 

Les Paleoamblypygi (Weygoldt , 1996) : une seule espèce : Paracharon caecus de la famille des Paracharontidae (Hansen, 1921).

 

Les Euamblypygi (Weygoldt, 1996) : 4 familles : Charinidae (Catageus sp. ; Charinus sp. Sarax sp.) ; Charontidae (Charon sp. ; Stygophrynus sp.); Phrynichidae (Damon sp. ; Euphrynicus sp. ; Musicodamon sp. ; Phrynicodamon sp. ; Phrynichus sp. ; Trichodamon sp. ; Xerophrynus sp.); Phrynidae (Acanthophrynus sp. ; Heterophrynus sp. ; Paraphrynus sp. ; Phrynus sp.)

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Mise à jour janvier 2020 :

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J'ai publié deux fichiers PDF sur mon site en novembre 2019, l'un est la "Liste des espèces d'amblypyges et leur répartition géographique" (https://jordancadiot.wixsite.com/jordancadiot/amblypyges-par-pays), et l'autre est "Les espèces d'amblypyges par pays" (https://jordancadiot.wixsite.com/jordancadiot/especes-d-amblypyges-par-pays)

Au premier abord vous pourriez penser que ces deux fichiers sont similaires, mais l'intérêt d'avoir un fichier regroupant les espèces d'amblypyges en fonction des pays trouve son utilité lors des recherches d'identification par exemple. Une personne est allée dans tel pays, y a observé un amblypyge et aimerait avoir une idée de l'espèce, il suffit alors de regarder le tableau, chercher le pays correspondant, et voir quelles espèces sont recensées dans ce pays. Sachant que dans certains pays il y a plusieurs genres et espèces différentes, il sera parfois compliqué de déterminer l'espèce exacte mais le genre devrait être possible. 

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Les amblypyges sont pourvus de pédipalpes (de forme et de longueur plus ou moins différentes selon les espèces) que l'on pourrait comparer aux pattes ravisseuses des mantes religieuses puisque qu'ils ont la même utilité et fonctionnent de la même manière : ils sont déployés pour appréhender une proie et maintiennent celle-ci pour que les chélicères fassent leur travail de « broyeuses ».

Les pédipalpes sont également leur seul moyen de défense si la fuite ne suffit pas, ils les ouvrent et attaquent en pinçant, ce n'est pas dangereux pour l'Homme et peu douloureux.

 

 

La première paire de patte est particulière, on les appelle « pattes antenniformes », elles sont 2 à 3 fois plus longues que les pattes ambulatoires. Ce sont des pattes tactiles composées de poils sensitifs. Au « repos » celles-ci sont repliées au dessus du corps mais lors des déplacements elles sont dépliées et utilisées pour détecter les proies et l'environnement sur lequel ils se déplacent.

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Répartition, habitat et moeurs

 

Les amblypyges sont trouvables un peu partout dans le monde : Amérique (du nord, centrale et du sud) ; Afrique ; Asie ; Océanie ; Philippines, et également en Europe (en Grèce plus précisément).

 

Ils sont appelés « cave spiders » mais ils ne vivent pas exclusivement dans des caves ou des grottes, ils vivent également dans les sous-bois, dans la forêt et dans le désert pour certaines. Elles se cachent sous les pierres, dans des souches, entre l'écorce des arbres... Certaines espèces ont été trouvées dans des termitières et des fourmilières.

La finesse de leur corps leur permet d'atteindre des endroits peu accessibles et donc de facilement fuir face à leurs prédateurs.

 

Ce sont des animaux nocturnes et lucifuges qui vivent dans des endroits sombres et humides. Ils ne « fabriquent » pas leur abris comme peuvent le faire les mygales par exemple qui creusent des terriers.

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Les amblypyges dans le 7ème art

 

Les arthropodes ont de nombreuses fois été utilisés dans les films, les amblypyges en font parti.

Beaucoup de personnes ont sans doute vues pour la première fois sans le savoir un amblypyge sur le grand écran, ceux qui s'en souviennent ne manquent pas de le rappeler ! En effet ils en ont utilisés un dans le 4ème épisode d'Harry Potter (Harry Potter et la coupe de feu) :

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Elevage en captivité

 

Je n'ai maintenu et reproduis que Damon diadema pour le moment, je parlerai donc principalement de cette espèce n'ayant aucune expérience avec les autres espèces trouvables en captivité.

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Mise à jour janvier 2020 :

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Ça a bien évolué maintenant ! J'avais écrit cela en 2016, nous voici 4 ans plus tard, avec de nouvelles espèces, de nouvelles observations, de nouvelles images, et surtout une passion pour ces animaux qui ne cesse de croître. Je ne m'en lasse pas ! 

C'est toujours autant un plaisir de les observer, de les manipuler, d'avoir de la reproduction, et de les photographier. J'écris ça le 5 janvier 2020, et dans un mois tout pile il est fort probable que je parvienne, enfin, à voir mes premiers amblypyges dans leur milieu naturel, la Guyane en l'occurrence. Et pouvoir les observer et les photographier dans leur milieu naturel ne fera, je pense, qu'amplifier mon amour pour ces aliens ! 

Mais je m'égare !

 

Alors, à ce jour j'ai désormais 9 espèces, de 5 genres différents. A savoir :

 

- Damon diadema / Damon medius

- Heterophrynus sp. Colombia

- Euphrynicus bacillifer

- Charinus acosta

- Phrynus pseudoparvulus / Phrynus marginemaculatus / Phrynus decoratus / Phrynus longipes

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Damon diadema est la première espèce que j'ai eu, et la première avec laquelle j'ai eu de la reproduction. Depuis 2016 j'ai eu de nombreuses autres pontes. J'avais gardé une quinzaine d'individus nés chez moi il y a 4 ans, ils sont à leur tour prêts pour engendrer une descendance ! Les autres petits que j'ai pu avoir ont rejoins d'autres élevages pour la plupart, la sélection naturelle aura eu raison de quelques autres (élevage en groupe pour les juvéniles donc risque de cannibalisme), et plusieurs autres grandissent tranquillement chez moi. J'ai toujours des demandes de temps en temps pour en acquérir, mais il est maintenant plus simple de trouver des individus de grande taille à des prix accessibles (issus d'import). â€‹

 

J'ai également réussi à avoir de la reproduction avec Phrynus marginemaculatus, une magnifique petite espèce, sombre de corps mais avec quelques petites touches de couleur, et des pattes bien rouges. Pas particulièrement compliquée à maintenir selon mon expérience, en revanche, bien qu'ayant eu une reproduction réussie, la même femelle a par la suite perdu à deux reprises ses oeufs. Cela arrive parfois que les femelles amblypyges perdent leurs oeufs, à différents stades de l'incubation, mais la cause de ces avortements n'est pas connue. Je pense que du stress et/ou des mauvais paramètres (température, hygrométrie entre autres) pourraient y être étroitement liés. Toujours est-il que c'est frustrant et décevant de voir une de ses femelles gravides perdre ses oeufs, mais c'est ainsi ! â€‹Une quatrième tentative est actuellement en cours, j'ai placé le couple ensemble il y a quelques jours et plusieurs spermatophores ont été déposés par le mâle, il n'y a plus qu'à patienter ! 

Et je vous rassure, concernant la première reproduction qui fut un succès, j'ai encore 9 individus sur 16 nés (la sélection naturelle aura eu raison des autres là encore). Ils grandissent tranquillement et ont maintenant un petit peu plus de 2 ans. Je pense pouvoir essayer d'en reproduire prochainement, après la prochaine mue sûrement. 

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Une reproduction réussie également pour Phrynus decoratus, une espèce de même taille que P.marginemaculatus, plus claire, mais très jolie aussi ! 

Moins de réussite concernant l'élevage des jeunes cependant, sur 13 petits seulement 2 sont encore en vie. 

J'ai là aussi remis le couple ensemble et plusieurs spermatophores ont été déposés, je croise les doigts ! 

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Echec et déception pour Charinus acosta. Une minuscule espèce parthénogénétique que l'on peut trouver à Cuba. 

J'ai eu des individus de cette espèce à trois reprises, un seul a eu des oeufs, mais malheureusement elle les a perdu et est morte quelques jours après. Toutefois, je n'abandonne pas ! Je comptais en reprendre au printemps 2020, mais une personne qui me suit sur les réseaux sociaux et qui élève également des amblypyges m'a gracieusement envoyé deux spécimens nés chez lui. L'un est mort mais l'autre est encore vivant, et je regarde absolument tous les jours dans l'espoir de voir des oeufs ! Patience ! 

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La reproduction est en cours pour mes deux couples d'Euphrynichus bacillifer. Chaque couple a été mis en présence au tout début 2020, et les deux ont été très rapides puisque seulement quelques heures après les présentations il y avait déjà un spermatophore des deux côtés. A suivre ! 

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La reproduction est également en cours pour mon couple de Damon medius que j'ai mis ensemble en juillet 2019. Mais le temps devient long pour ces deux-là ! J'ai trouvé un spermatophore quelques jours après, mais depuis plus rien, pas d'autre spermatophores, et toujours pas d'oeufs non plus, 5 mois après... Je ne désespère pas, ils sont toujours dans le même terrarium. A suivre là aussi ! 

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Mes Heterophrynus sp. sont encore trop jeunes pour espérer une reproduction, ils grandissent indépendamment en attendant d'être prêts. 

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Il en est de même pour mes Phrynus longipes

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Et pour la dernière espèce, Phrynus pseudoparvulus, je pense que j'ai deux individus du même sexe. J'ai essayé trois mise en présence réparties sur une période de 2 ans environ, et les trois fois se sont finies en baston... Heureusement les trois fois je suis resté devant pour voir leur comportement, et j'ai bien fait parce qu'ils se seraient tués si je n'avais pas été là pour les séparer, sales gosses ! 

Ca va de soi que la troisième tentative était la dernière. Ils vont rester chacun dans leur terrarium et je vais essayer de trouver d'autres individus pour espérer avoir de la reproduction avec cette espèce. 

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Globalement, le bilan est plutôt positif ! 

J'espère pouvoir acquérir de nouvelles espèces au printemps et été 2020, on verra ! 

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Concernant la maintenance de ces différentes espèces je n'ai pas trouvé de difficulté particulière, je les maintiens toutes de la même manière et cela semble fonctionner. 

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Terrarium :

 

Voici deux exemples de terrariums naturels (45cm*45cm*45cm et 45*cm*45cm*60cm) :

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Un terrarium de ce type est agréable à regarder mais pour des animaux nocturnes comme les amblypyges l'observation se fait uniquement une fois que le terrarium est dans le noir complet et à la lampe torche. Etant de nature peureux, la plupart du temps l'amblypyge ira se cacher à peine la lampe allumée, avec un peu de chance vous le verrez se déplacer tranquillement, se nettoyer, manger et plus rarement muer.

 

Il n'est pas nécessaire de faire un terrarium tel que celui-là pour avoir du succès dans la maintenance et la reproduction, de plus le suivi est bien plus aisé dans un bac de taille inférieure et avec seulement quelques écorces en guise d'aménagement, le contrôle de la nourriture est plus simple ainsi que le suivi de la croissance.

 

Pour 1 spécimen de Damon diadema, un terrarium de 20cm*20cm*30cm (longueur*largeur*hauteur) me semble être un minimum. L'aménagement est simple : de la tourbe humide (ou autre substrat de ce type comme l'humus de coco par exemple) sur plusieurs centimètres dans le fond et des écorces mises les unes sur les autres dans tout le terrarium (y compris en hauteur). Il faut bien faire attention à laisser de l'espace entre deux écorces pour qu'il y ait suffisamment de place pour muer.

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Quand une femelle est gravide je préfère l'isoler pour éviter tout stress de la part d'un autre congénère, pour qu'elle soit tranquille. Il arrive que les femelles perdent leur sac d'oeuf sans raison apparente, alors autant mettre toute les chances de son côté !

J'individualise donc les femelles gravides dans des terrariums exo terra 20cm*20cm*30cm.

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Il n'est pas nécessaire de laisser de la place pour l'éventuelle réalisation d'une mue puisqu'une femelle gravide n'en fera pas, alors je prends tout l'espace du terrarium pour y mettre des écorces de façon à lui proposer de bonnes cachettes. 

C'est une espèce avec laquelle on peut envisager la maintenance en groupe, tant qu'il y a de la nourriture le risque de cannibalisme est faible mais il reste présent notamment lors des mues pendant lesquelles l'amblypyge -comme la majorité des arthropodes- est le plus vulnérable.

Un terrarium de 45cm*45cm*45cm avec beaucoup d'écorces convient pour deux ou trois spécimens. Pour ma part mes individus adultes sont maximums par deux (un mâle et une femelle) dans des terrariums de 30cm*30cm*30cm, en voici deux exemples :

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Les juvéniles se maintiennent de la même manière que les adultes. L'élevage en groupe est possible et facilite grandement le nourrissage, mais le suivi est plus simple en élevage individuel. Je gardais les premiers que j'ai eu individuellement mais maintenant je les place en braplast de 5.8L (ce sont des boîtes en plastique avec un couvercle, elles mesurent 18cm*18cm*19cm), j'ai simplement à faire une aération sur le couvercle, mettre de la tourbe et des écorces et c'est prêt ! 

Les nouveaux nés peuvent rester plusieurs mois ensemble dans une 

boîte de ce type, bien nourris et avec pas mal de cachettes il y a très peu 

de cannibalisme, mais il n'est pas inexistant ! 

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Sur les photos du bas c'est la moustiquaire que j'utilise pour faire 

l'aération des boîtes, les mailles sont assez fines pour ne pas laisser 

passer les grosses drosophiles (je nourris les petits avec ce type de proie). 

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Elle peut aussi permettre aux amblypyges de s'accrocher pour réaliser 

leurs mues.

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Une fois que les jeunes sont trop grands pour rester ensemble je préfère les individualiser, toujours dans ce type de boîte mais avec moins d'écorces. 

Un spécimen peut rester jusqu'à ses deux ans au moins dans une braplast.

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Pour les espèces plus petites il y a la solution des bouteilles qui

fonctionne tout aussi bien. Je prends simplement une bouteille d'un

litre et demi que je coupe au goulot, et je mets un morceau de tulle

tenu par un élastique pour fermer. Pour l'aménagement c'est le même

principe, tourbe humide et écorces toujours en veillant à laisser de

l'espace pour les mues. 

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Et enfin pour les espèces comme Charinus acosta (ou les autres du genre) qui est vraiment minuscule ou encore pour les juvéniles d'espèces du genre Phrynus sp. par exemple, un pot de drosophiles (ce sont les boîtes dans lesquelles sont généralement vendues les drosophiles dans le commerce) suffit amplement, le couvercle est déjà pourvu d'une aération. 

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Températures :

 

Damon diadema doit être maintenue à une température située entre 18°C et 26°C.

Sur le long terme des températures inférieures ou supérieures à celles-ci peuvent être néfastes, et mortelles si trop faibles ou trop élevées.

 

Cela peut également poser des problèmes lors des mues ou pour les femelles gravides qui pourraient perdre leurs œufs.

 

Eclairage :

 

Un éclairage n'est pas nécessaire, la lumière ambiante suffit mais cela peut être utile pour les terrariums plantés, il faudra donc fournir des cachettes suffisamment sombres comme ce sont des animaux nocturnes et même dits "lucifuges" (qui fuient la lumière).

 

Hygrométrie :

 

Il est important d'avoir constamment une ambiance humide, les amblypyges sont sensibles à la sécheresse et s'ils sont laissés plusieurs jours avec une faible hygrométrie ils risquent de mourir, notamment les jeunes spécimens qui sont plus vulnérables que les adultes. De plus une faible hygrométrie risquerait de faire rater les mues, l'amblypyge resterait coincé dans son exuvie et mourrait de cette manière dans le pire des cas, ou sinon il finirait sa mue mais aurait de forte chance de perdre des pattes (ce qui ne l'empêchera pas de vivre correctement si « seulement » 1 ou 2 pattes ont été perdues, de plus ils peuvent régénérer leurs membres au fur et à mesure des mues).

L'hygrométrie est primordiale pour les juvéniles et les femelles gravides.

 

Pour maintenir un taux d'hygrométrie suffisant il suffit de placer plusieurs centimètres de tourbe au fond du terrarium qui sera maintenue humide grâce à des vaporisations. Etant des animaux craintifs il faut éviter le plus possible de les déranger, une simple vaporisation est un facteur de stress donc pour éviter de devoir vaporiser plusieurs fois par semaines les terrariums de vos amplypyges il faut jouer sur l'aération : plus l'aération du terrarium sera grande plus vite l'humidité ambiante s'asséchera, à l'inverse moins il y aura d'aération, plus l'humidité ambiante sera maintenue après une vaporisation.

Dans l'idéal il faut vaporiser et nourrir juste après, une ou deux fois par semaine pour limiter les interventions.

 

Nourriture :

 

Les amblypyges ne mangent pas beaucoup, une ou deux proies par semaine est suffisant (vous pouvez en profiter pour humidifier à ce moment là, cela diminuera le nombre d'interventions et donc de dérangement comme dit dans le paragraphe précédent « Hygrométrie »). Il faut éviter de laisser des proies susceptibles de s'attaquer à eux (notamment lors des mues), c'est aussi pourquoi il faut éviter de fournir trop de cachettes inaccessibles aux amblypyges mais accessibles pour les proies.

 

Ils chassent mais ne sont pas experts en la matière, si la proie est trop rapide l'amblypyge aura du mal à la capturer, il peut donc être nécessaire de proposer des proies mortes.

 

On peut les nourrir avec toute sorte d'insectes : blattes, grillons, criquets ect... Il faut simplement donner des proies de tailles inférieures à vos spécimens, ils peuvent en capturer des plus grosses mais ils ne les mangerons pas tout le temps entièrement si ils sont régulièrement alimentés.

Les juvéniles peuvent être nourris avec des drosophiles (aptères idéalement, cela facilite la capture), les grillons récemment nés peuvent également être proposés.

 

Les grillons sont certainement la meilleure proie : ils sont suffisamment petits lorsqu'ils viennent de naître pour nourrir les jeunes Damon diadema, les adultes sont suffisamment gros pour nourrir les amblypyges adultes ; c'est une proie qui bouge constamment, elle se cache peu comme peuvent le faire les blattes par exemple. Le seul inconvénient qu'on pourrait leur trouver c'est la « voracité », si ils sont laissés dans le terrarium sans contrôle il y a des risques qu'ils s'attaquent aux amblypyges, notamment lors des mues, il est donc important de bien contrôler lorsque l'on nourrit avec cette proie.

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Mise à jour janvier 2020 :

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Qu'en est-il de la nourriture 4 ans après ? 

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Maintenant je nourris tous mes amblypyges avec des blattes red runners (Shelfordella lateralis) -enfin, ceux en taille de manger cette espèce, les Charinus acosta par exemple sont nourries avec des collemboles et des cloportes tropicaux-, c'est une blatte suffisamment grande adulte pour nourrir les plus gros amblypyges, et les nouveaux nés sont très petits, idéal pour nourrir les juvéniles de différentes espèces ! Puis, comme j'écrivais en parlant des grillons, cette blatte est très souvent en mouvement, elle se cache assez peu ce qui est un avantage. J'avais également un élevage de Blaptica dubia mais j'ai tout donné à une personne puisqu'au final je ne m'en servais pas, ou très rarement. Contrairement à la red runner la blatte dubia est une grande timide, elle se cache constamment et ce n'est pas pratique du tout pour nourrir les amblypyges qui chassent grâce aux mouvements de leurs proies en quelques sorte.

L'autre énorme avantage de la red runner c'est sa facilité d'élevage ! Un grand bac chauffé bien fourni en cachettes (boîtes à oeufs), de la nourriture en tout genre, et la population se multipliera. C'est donc très très pratique quand on doit nourrir des tout petits amblypyges et des grands en même temps puisque toutes les tailles de blattes sont disponibles dans le bac, ainsi je peux nourrir mes petits Phrynus marginemaculatus avec des red runner fraîchement nées, et mes plus grands individus d'amblypyges avec des blattes adultes ou plus petites suivant le besoin. J'ai plusieurs dizaines d'amblypyges chez moi, mais depuis que mon élevage de red runner tourne bien, je n'ai plus eu à acheter de proies, et ça c'est appréciable ! 

Bon par contre, je vais quand même mentionner LE point négatif de cette espèce de blatte : Elles se sauvent vite. J'ai beau prendre toutes les précautions du monde, à chaque nourrissage il y a quelques spécimens qui arrivent à se barrer dans la pièce, et je le sais que la nuit suivante généralement puisqu'elles ressortent de leurs cachettes une fois l'obscurité tombée. Bon si il devait y avoir une invasion ça aurait déjà été fait depuis le temps, enfin j'espère ! 

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Pour conclure, faites un élevage de red runner (en plus ça se trouve facilement, en grande quantité et pas trop cher) et vous serez tranquille pour nourrir vos amblypyges et autres arachnides, mais si vous habitez avec quelqu'un, vos parents par exemple, espérez qu'ils soient assez cléments concernant les blattes évadées (moi ça va, j'ai de la chance ! C'est même mon père qui récupère les fuyardes la nuit !). 

Heterophrynus sp_

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Manipulation :

 

La manipulation est possible et sans risque pour l'éleveur mais risquée pour les amblypyges. Ce sont des animaux fragiles pouvant parfois être très rapides, surtout lors des mouvements brusques.

Cependant, ayant manipulé mes spécimens à plusieurs reprises, que ce soit les jeunes ou les adultes, j'ai pu remarquer qu'ils se mettaient très fréquemment en position de « repos » une fois en main (j'appelle « position de repos » les moments où ils ont les pattes antenniformes repliées au dessus d'eux et donc aucun mouvement -puisque quand ils se déplacent ils les déploient-), comme sur ces photos (une femelle adulte et un juvénile) :

Damon diadema
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Je déconseille donc les manipulations inutiles, cela évite de stresser les amblypyges et également des accidents pouvant être fatals.

Mise à jour janvier 2020 :

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Je déconseille toujours autant les manipulations, pour éviter le stress et les accidents comme écrit il y a 4 ans. Mais je dois bien avouer que je suis quand même mal placé pour déconseiller cela puisque je manipule régulièrement mes amblypyges, et surtout je partage fréquemment des vidéos et des photos d'amblypyges sur moi, ce qui pourrait influencer d'autres personnes à les manipuler. Bon je ne pense pas qu'il y ait de mal à ça, il faut simplement faire attention. 

Charinus acosta
Euphrynichus bacillifer
Charinus acosta
Euphrynichus bacillifer

Me concernant les manipulations sont faites pour diverses raisons, la première c'est pour mon propre plaisir, j'aime bien manipuler ces aliens, voir leurs pattes antenniformes capter l'environnement et les voir se déplacer sur moi, ils me fascinent.

La deuxième c'est pour l'observation, ils sont de nature timide ce qui rend donc les observations dans les boîtes ou terrariums assez compliquées, les avoir en main facilite grandement !

La troisième raison c'est pour les photos, comme vous le savez certainement maintenant, j'aime bien tirer le portrait des différents animaux que je rencontre, que ce soit en captivité ou dans le milieu naturel, et bien évidemment l'amblypyge est un de mes sujets favoris. Pour pouvoir les prendre en photo convenablement il m'est donc nécessaire de les manipuler la plupart du temps.

La quatrième raison est éducative. Les arachnides de manière générale sont très méconnus du "grand public", de Monsieur et Madame Toutlemonde. Non seulement le côté éducatif est transmis via les réseaux sociaux grâce aux vidéos qui montrent une femelle gravide par exemple, c'est assez peu commun de voir une sorte d'araignée avec des oeufs sous l'abdomen, ça attise la curiosité, ça intéresse des gens, ça amène des questions (bon ça amène aussi des commentaires du genre "mais brûlez ça !"; "c'est quoi ce truc dégueulasse" ou autre !). Grâce aux vidéos de femelles avec des petits sur l'abdomen aussi, ou encore grâce aux photos et vidéos d'amblypyges en mue également, ce n'est pas quelque chose que l'on voit tous les jours et qui est commun pour une personne qui n'est pas proche du monde des arthropodes. Mais le côté éducatif est aussi transmis en direct parfois. Lorsque des personnes viennent chez moi et sont curieuses par rapport à mes animaux c'est une bonne excuse pour sortir un amblypyge et le manipuler pour pouvoir le montrer et mieux en parler. Et comme bien souvent les gens sont assez réticents face aux amblypyges (à toutes les bêtes pas très communes en fait), en manipuler face à eux permet de les mettre plus à l'aise et parfois passer le pas de prendre un arachnide sur les mains et peut-être éloigner une peur infondée de ces animaux, bien souvent transmise lors de l'enfance par la mauvaise réputation qu'ont les araignées et semblables.  

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J'hésitais à citer une dernière raison, mais finalement elle rejoint la précédente, c'est le partage. A quoi bon élever des animaux peu communs et connus, à faire des centaines de photos d'eux, à élever plusieurs espèces différentes et à vouer une véritable passion pour ces bêtes si je ne partage pas tout cela ? Les connaissances sont à mon sens faites pour être partagées et transmises. C'est toujours un plaisir de parler de mes aliens et de répondre aux questions ! 

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Mues :

 

Le processus de mue (ou exuviation) est certainement l'étape la plus dangereuse dans la vie d'un arthropode, c'est le moment où ils sont le plus vulnérable étant donné qu'ils n'ont aucun moyen de défense ni de déplacement. Même une fois extirpés de leur exuvie ils restent vulnérables pendant quelques minutes/heures puisqu'ils sont mous, il faut un certain temps pour que la chitine (molécule qui compose l'exosquelette, ce qui le rend dur et résistant) soit sécrétée dans la cuticule et durcisse (sclérification), après cela ils retrouvent leur mobilité.

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Les amblypyges ont une croissance lente, ils mueront tous les 1 à 2 mois les premiers stades et au fur et à mesure de la croissance  plusieurs mois sépareront les mues.

Ce sont des animaux qui continuent de muer une fois adultes, plusieurs années peuvent séparer les mues !

 

Ils peuvent muer de jour comme de nuit, le processus est assez long, j'ai eu la chance de voir un de mes spécimens muer du début à la fin, il a mis un peu moins d'une heure.

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Mise à jour janvier 2020 :

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Depuis 4 ans et avec plusieurs dizaines d'individus j'ai eu la chance de voir des mues à plusieurs reprises. La majeure partie d'entre elles ont eu lieu la nuit, et pendant le printemps/été (je ne sais pas si c'est une simple coïncidence ou si l'atmosphère générale (principalement la température) a quelque chose à voir là-dedans, mais je trouve ça suffisamment intéressant pour le mentionner). 
 

J'ai donc pu faire de nouvelles photos, des vidéos, et même des timelapses, plus ou moins qualitatifs mais qui montrent bien le déroulement de l'exuviation malgré tout. 

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Je n'ai pas grand chose à dire concernant les mues alors je vais juste vous laisser avec les différentes images que j'ai pu réaliser. Quoique ! Je n'ai pas grand chose à dire mais peut-être une chose au moins, quand même. Je vais essayer de décrire les signes avant-coureurs d'une exuviation, puisque j'ai pu en remarquer certains avec le temps. 

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     - Avant une mue j'ai pu observer les amblypyges prendre place sur le support, tête en bas, parfois plusieurs jours avant. Ils se plaçaient la nuit comme ça, et le jour allaient se cacher. 

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     - Ils ne mangeaient pas mais avaient pourtant un abdomen bien gonflé ! 

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     - Lorsque l'exuviation est toute proche les amblypyges sont donc tête en bas, et un signe qui indique une mue imminente c'est la position des membres, ils sont comme "relâchés", je ne sais pas bien comment décrire ça ! Comme si nous on se suspend à une barre par exemple, et on laisse nos bras lâches, notre corps pend juste dans le vide, bah là c'est un peu pareil si on veut. Ils sont juste accrochés et le corps "pend". Les pattes antenniformes sont détendues également. 

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Les images maintenant ! 

Exuviation Heterophrynus sp
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A gauche, un mâle et sa mue. La couleur des amblypyges après une mue est splendide, ils gardent ce bleu métallique pendant quelques heures, il s'estompe petit à petit. 

A droite, un jeune qui vient tout juste de finir sa mue, on peut le voir grâce à sa couleur, avant d'être bleus et ensuite de retrouver leur couleur naturelle ils sont blancs, cela est du à l'absence de chitine qui a besoin d'un certain temps avant d'être complètement régénérée.

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Phrynus longipes

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Phrynus marginemaculatus

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Stygophrynus sp. Borneo

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Damon diadema

Heterophrynus sp. Colombia

Heterophrynus sp. Colombia

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Euphrynicus bacillifer

Mise à jour mai 2019 :

J'ai pu observer, par hasard la première fois, un fluide bouger dans le corps d'un de mes Heterophrynus sp. qui avait mué quelques heures auparavant, il était encore bleu. Je m'en suis rendu compte en prenant des photos et vidéos avec mon téléphone, avec la lumière adéquate (assez forte et en contre jour) j'ai pu voir par transparence, et ainsi observer ce fluide qui n'est autre que l'hémolymphe (le sang des invertébrés). J'ai donc fait une première vidéo de ce "phénomène" en août 2018, que j'ai publié bien plus tard, début mai. Je m'étais dit qu'il fallait que j'arrive à filmer cela avec mon appareil photo maintenant, pour avoir des images de qualité bien supérieure ! Et il s'est avéré que trois semaines après, à la fin mai, j'ai pu de nouveau observer ce superbe phénomène. 

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Je mets à suivre le paragraphe que j'ai publié lorsque j'ai partagé la vidéo sur les réseaux sociaux :

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"Cette semaine un de mes amblypyges a mué. Je le voyais depuis plusieurs jours préparer sa mue, et mardi dans la nuit je savais qu'il allait muer dans les heures à venir. Je n'ai pas attendu qu'il commence pour prendre des photos et vidéos parce que je n'aurais pas pu dormir sinon ! En revanche le lendemain matin, il avait effectivement mué, et il arborait ce bleu magnifique ! Les rayons du soleil traversaient comme il fallait dans la pièce, donc sans attendre j'ai pris mon matériel, appareil photo, objectif macro, bonnette, et trépied, puis j'ai commencé à filmer. 
J'ai publié une vidéo récemment d'un amblypyge qui venait de muer et de l'hémolymphe qui bougeait dans son corps, mais avec mon téléphone. Et là je dois dire qu'avec la qualité du reflex, c'est autre chose, et je trouve ça presque hypnotisant, j'étais comme un gosse quand j'ai filmé ça !

Qu'est-ce que j'aime ces aliens ! :D"

Après l'exuviation, le corps des arthropodes mets plusieurs heures pour être de nouveau solide, la chitine doit être régénérée dans le nouvel exosquelette. Il faut un peu de temps pour que la chitine soit restaurée entièrement, c'est une molécule que l'on peut trouver chez les arthropodes (et les champignons aussi par exemple) et qui rend leur corps rigide, combiné avec du carbonate de calcium. L'exosquelette est aussi fait de sclérotine, une protéine qui participe également à la rigidité du corps, et qui en plus donne une couleur brunâtre (tannage).
Pendant ces quelques heures les amblypyges sont magnifiques (comme toujours n'est-ce pas ?), ils sont blancs quand ils viennent de s'extraire de leur exosquelette puis leur corps devient bleu, différents bleus jusqu'à la solidification complète. Et quand ils sont bleu métallique leur corps est un peu translucide, alors avec la bonne lumière il est possible de voir un fluide bouger dans les pattes de l'amblypyge, l'hémolymphe. J'étais en admiration quand j'ai vu ça !

Quelques images "behind the scene" 

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Reproduction :

 

Sexage

 

Tout d'abord il faut connaître le dimorphisme sexuel, chez les juvéniles c'est impossible, il faut attendre plusieurs mues avant de pouvoir voir les caractéristiques suivantes ; chez Damon diadema le dimorphisme sexuel est bien marqué et facilement visible : les mâles ont les pédipalpes plus longs de plusieurs centimètres par rapport à ceux des femelles (c'est valable également pour les autres espèces ayant de grands pédipalpes tel qu'Euphrynichus sp. par exemple). Cette photo montre bien la différence de taille :

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Il y a une autre manière de sexer cette espèce (qui fonctionne également pour plusieurs autres) et qui est visible plus tôt que la différence de taille des pédipalpes, cependant elle nécessite une manipulation : sur la face ventrale en haut de l'abdomen il y a ce qui s'appelle l'opercule génital (cet opercule abrite le gonopode et les « book lungs » (littéralement « livre poumons », nom qui est du à leur structure) qui est différent suivant le sexe : les mâles ont grossièrement une forme de cœur tandis que les femelles ont une forme de trapèze. On remarquera également que les femelles ont des poils.

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Mise à jour janvier 2020 :

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Voilà un autre exemple de dimorphisme sexuel via l'opercule génital, cette fois-ci sur l'espèce Euphrynichus bacillifer. La différence n'est pas aussi marquée que Damon diadema mais on remarque la présence de setae (poils) sur l'opercule de la femelle, ce qui permet de savoir avec certitude le sexe. 

Sexual dimorphism Euphrynichus bacillife

Mise en place d'un couple

 

Les amblypyges peuvent parfois être agressifs et se blesser entre eux, c'est pourquoi il faut les placer dans un terrarium suffisamment grand et fourni de nombreuses cachettes pour qu'ils n'aient pas à toujours être en contact.

Pour éviter au maximum le cannibalisme (bien qu'il soit assez rare), il faut prendre soin de bien nourrir les deux individus avant de les placer ensemble.

 

Le mieux est de placer directement les deux individus l'un à côté de l'autre et observer les réactions, ils vont directement réagir une fois à côté de l'autre spécimen, souvent en s'éloignant rapidement. Ils peuvent s'attaquer lorsqu'ils sont placés ensemble, ça se voit très facilement : les deux ont les pédipalpes ouverts et se "jettent" sur l'autre violemment, dans ce cas il vaut mieux les séparer et retenter l'introduction plus tard. C'est possible qu'ils n'aient pas atteint la maturité sexuelle qui se situe entre un et deux ans.

 

Si les deux individus sont prêts à se reproduire il y aura une parade nuptiale, elle est assez difficile à voir étant donné qu'elle se passe généralement la nuit. Ils commencent par se « toucher » avec leurs pattes antenniformes, le mâle les fait vibrer rapidement, ensuite il ouvre légèrement ses pédipalpes et va « taquiner » la femelle en les frottant sur elle. Ils peuvent rester face à face à parader pendant plusieurs heures, après ça le mâle fait demi-tour et ouvre son opercule génital pour y déposer un spermatophore, il se replace face à la femelle et l'amène vers le spermatophore, si elle est prête elle se placera au-dessus et ouvrira son opercule génital pour l'insérer jusqu'à la base.

Mise à jour janvier 2020 :

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Je peux à présent mettre des images sur ce moment clé de la reproduction :

L'autofécondation de la femelle (ici Phrynus decoratus) avec un spermatophore. 

 

J'ai eu la chance de voir toute la scène de mes propres yeux, et par chance

j'avais mon téléphone pour pouvoir filmer ! Je ne pensais pas voir ce moment

précis -quand la femelle s'autoféconde- mais seulement des comportements

de la parade nuptiale. Je savais comment ça se passe mais je ne l'avais jamais

vu (ni même en vidéo).
La qualité de la vidéo n'est pas très bonne mais je pense qu'on voit 

suffisamment bien comment ça fonctionne !

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Ils me fascinent !

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Un spermatophore est une petite structure (6mm plus ou moins pour Damon diadema, cela varie suivant les espèces, ça peut aller de 3/4mm pour les plus petites à plus de 20mm pour les plus grandes) qui contient les spermatozoïdes.

Si ils ne sont pas utilisés pour la fécondation ils seront mangés par le mâle et/ou la femelle.

 

Deux exemples de spermatophores de Damon diadema :

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La taille et la forme des spermatophores varie selon l'espèce, par exemple, voici un spermatophore de Stygophrynus sp. Bornéo :

Spermatophore Stygophrynus sp. Bornéo

Mise à jour janvier 2020 :

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Spermatophores d'Euphrynichus bacillifer à gauche et de Damon medius à droite. 

Spermatophore Euphrynichus bacillifer
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La parthénogenèse existe chez les amblypyges, elle est connue pour quelques espèces du genre Charinus.

 

Oeufs

 

Si les conditions sont bonnes les œufs sont visibles entre les sternites 2-3 semaines environ après la prise des spermatophores, cela peut prendre plusieurs mois (jusqu'à 5) si les conditions ne sont pas propices. A ce moment là les oeufs ne sont pas fécondés, ils le sont lorsque la poche externe se forme. Cela explique pourquoi, selon Orin McMonigle, les mâles dans la nature restent autour des femelles plusieurs semaines, il affirme également que d'autres mâles peuvent féconder les œufs pendant cette période.

 

Dans son livre (« Breeding the world's largest living arachnid ») Orin McMonigle affirme que les femelles ne peuvent pas retenir le sperme plus de 5 mois, après ce laps de temps les femelles auront besoin d'être accouplées à nouveau.

 

Damon diadema peut faire entre 20 et 60 œufs. Lorsqu'ils sont fraîchement formés ils sont verts/bleus, après quelques jours ils deviennent marrons clair et ensuite marrons foncé.

Les photos représentent deux femelles différentes, on peut d'ailleurs aisément constater que la femelle de gauche porte un nombre d'oeufs plus important que celle de droite, cette dernière est plus petite ce qui explique cette différence.

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A droite, ce sont des oeufs de Phrynus marginemaculatus,

l'oeuf noir est mort, ça arrive parfois. 

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Cette espèce est plus petite que Damon diadema, ce qui

explique le faible nombre d'oeufs comparé aux deux 

photos au dessus. 

Oeufs Phrynus marginemaculatus

Pendant un temps je parlais de membrane lorsque je mentionnais la poche d'oeufs, il s'avère qu'en fait ce n'est pas une membrane qui les retient. J'ai appris grâce à Florian Reveillion (http://www.shny.fr/amblypygi/fr/index.html) que lorsque la femelle extériorise les oeufs, elle sécrète au même moment un liquide qui durcit petit à petit. 

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Mise à jour Janvier 2018 : 

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J'ai eu l'opportunité d'observer une de mes jeunes femelles en train d'extérioriser ses oeufs, une observation que j'ai réussi à avoir en photo et qui montre bien la façon dont cela est fait. 

Oeufs Damon diadema
Oeufs Damon diadema

J'ai réalisé ce montage pour montrer les "étapes"

du développement des oeufs. 

(Les photos ne sont pas de la même femelle)

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La première photo montre simplement

l'abdomen d'une femelle non gravide, vient

ensuite l'extériorisation des oeufs, le liquide est

sécrété par l'opercule génital et les oeufs sortent 

petit à petit à l'intérieur du liquide qui durcira et

formera une "poche".

Il pourrait y avoir une 

photo entre les deux premières, celle où on voit

les oeufs à travers les sternites, je ne l'ai pas 

encore !

La troisième photo montre les oeufs tout juste

extériorisés, encore bleus, puis la même chose 

mais quelques semaines après, les oeufs 

brunissent. 

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L'incubation dure entre 3 et 6 mois (pour Damon diadema, je n'ai eu qu'une autre reproduction d'une autre espèce, Phrynus marginemaculatus, l'incubation a duré 100 jours, un peu plus de 3 mois donc). Les œufs de ma première femelle ont incubés pendant 5 mois, je pense que cela varie suivant les conditions de maintenance et notamment la température qui influe sur la durée d'incubation de nombreuses espèces (arthropodes et reptiles), attention cependant à ne pas trop chauffer.

Chez les amblypyges il peut arriver qu'une femelle gravide perde ses œufs à tout moment pendant l'incubation, les conditions de maintenance et/ou le stress pourrait être la cause de ces « avortements ». (Mise à jour 09/18 : Ma Charinus acosta a perdu ses oeufs après plusieurs semaines d'incubation, ils ont été perdus entre un et trois jours après avoir déménagé mes bêtes, il est donc possible que le stress (transport en voiture, multiples manipulations des boîtes) soit la cause de cet avortement)

 

Lorsque les petits sont prêts à sortir, la "poche" qui les retient sous l'abdomen se déchire petit à petit pour que les juvéniles puissent s'extraire de leurs œufs et directement s'installer sur et sous l'abdomen de la mère, à la manière des scorpions.

Cela peut prendre plusieurs heures avant que tous les petits soient installés.

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Les pullus (c'est leur nom à ce stade, qui est le premier) resteront sur l'abdomen pendant une dizaine de jours, durant cette période ils ne mangent pas et ne se déplacent pas (ou vraiment très peu, ils sont de toute façon limités à la surface de l'abdomen), ils seront indépendants une fois la première mue faite. Il peut arriver que des petits tombent, s'ils sont laissés tel quel ils ne survivront pas mais il est possible de les replacer sur le dos de la mère, ils s'accrocheront ensuite d'eux-même. J'ai pu observer une de mes femelles Damon diadema manger un petit qui n'avait pas réussi à s'accrocher.

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Damon diadema
Damon diadema
Damon diadema

Damon diadema ci-dessus, Phrynus marginemaculatus ci-dessous.

Phrynus marginemaculatus with babies
Phrynus marginemaculatus babies

Mise à jour janvier 2020 : 

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Et je peux maintenant ajouter des photos de Phrynus decoratus

Phrynus decoratus
Phrynus decoratus

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La première mue arrive une dizaine de jours après l'éclosion. Cette étape prend également plusieurs heures, une fois les mues finies les petits sont indépendants et peuvent désormais s'alimenter et se déplacer (stade 2). Vous pouvez les laisser avec la mère, la maintenance est similaire, seule la nourriture change.

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Mise à jour janvier 2020 : 

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Nouvelles photos, la première d'un juvénile Phrynus decoratus, la deuxième d'un juvénile Phrynus marginemaculatus. Et d'autres photos d'une portée de Damon diadema

Phrynus decoratus
Phrynus marginemaculatus
Damon diadema
Damon diadema
Damon diadema
Damon diadema

Conclusion

 

Les amblypyges sont des arachnides atypiques et à première vue très étranges, c'est sûrement ce qui les rend si intéressants pour certains. Malgré le fait qu'ils soient nocturnes il est tout à fait possible d'observer de nombreux comportements qu'on ne pourrait pas voir dans la nature, et des comportements qui changent par rapport aux arthropodes plus couramment élevés en captivité.

 

La reproduction chez ces animaux est fascinante, du spermatophore à l'indépendance des jeunes. Ce mode de reproduction est connu chez les scorpions mais ceux-ci étant venimeux, cela peut rebuter les intéressés, les amblypyges sont une bonne alternative.

Vocabulaire

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Chélicère (n.m.) : Chez les Chélicérates, appendice buccal pair muni de pinces et portant des glandes à venin et premier appendice porté par le céphalothorax. 

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Pédipalpe (n.m.) : Appendice parfois appelé patte mâchoire, situé par paire autour des pièces buccales. Se termine en pince chez les Amblypyges, hypertrophié chez les mâles de beaucoup d'espèces.

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Patte ambulatoire (n.f.) : Membres servant au déplacement. Au nombre de six chez les amblypyges. 

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Patte antenniforme (n.f) : Patte ambulatoire ayant évoluée en organe sensitif. 

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Opercule génital (n.m.) : Plaque membraneuse recouvrant les organes génitaux. 

 

Tergite (n.m.) : Plaque de chitine dorsale constituant l'exosquelette des Arthropodes. 

 

Sternite (n.m.) : Plaque de chitine ventrale constituant l'exosquelette des Arthropodes. 

 

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Cet article et tout ce qu'il comporte subira des modifications au fur et à mesure du temps, suivant mes observations entre autres, et les informations que je pourrais récolter auprès d'autres éleveurs, d'entomologistes... 

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Si vous êtes arrivés jusque là, merci beaucoup ! Et n'hésitez pas à me redire si vous avez vu des erreurs ou si vous avez des commentaires à faire, tout est bon à prendre ! 

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